Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Le nom de ce blog est sans doute évocateur de notre "nachid el watani" tant décrié par le passé parce que, associé au pouvoir Algérien illégitime. Après des décennies de disettes. Je voudrais faire de cet espace, un coin où tous mes compatriotes et autres amoureux de libertés, de démocratie, ou tout simplement d'histoire pourraient s'exprimer librement. En ce sens, nous vous souhaitons la bienvenue. En hommage à Nacer Hachiche, repose en paix et à bientôt ! Pour garder le contact avec notre chère patrie : http://www.alger-presse.com/index.php/presse-fr


Debout, les morts ! (1), nos premiers heros par Mohamed Benchicou

Publié par The Algerian Speaker sur 31 Janvier 2014, 12:48pm

Catégories : #DEBATS A BATONS ROMPUS(hiwar bila houdoud)

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Ils s’appelaient Ahmed, Djilali ou Mohamed et ils mouraient entre les Vosges et l’Alsace. "Allahou Akbar !". Leurs dépouilles abandonnées aux anonymats d’hier et de demain, Ahmed, Djilali ou Mohamed, des hommes sans patrie et sans cause, des indigènes, des types enchaînés qui se battaient pour libérer les uns et les autres. Mon grand-père, nos arrière-grands-pères, cherchons bien, leur photo jaunie doit être quelque part, martyrs d'une cause qui n'était, au départ, nullement la leur mais qui, avec le temps, est devenue la nôtre.

À l’heure où le monde s’apprête à commémorer le centenaire de la Première Guerre mondiale, qui était totalement inhumaine, celle où l’on expérimenta sur l’homme les nouvelles techniques de tueries de masse, on se prend à penser aux Poilus algériens morts dans la Marne ou à Verdun, et que l’on va sans doute sacrifier aux futiles urgences du moment, aux petites polémiques, au pugilat électoral… Pourtant, ces hommes sans patrie et sans destin sont les pères de la première fierté algérienne : ils avaient participé à la libération du monde avant de libérer leur propre sol. Et qui dit que leur propre sol aurait été libéré, cinquante ans plus tard, s’ils n’avaient contribué, eux, à terrasser la bête immonde ?

Nous leur devons une part de notre temps. Je sais, ce n'est pas le moment, on n'a pas la tête à ça, et puis, un centenaire, ça tombe toujours mal, cette année c'est le quatrième mandat, hier c'était le troisième, demain… Qui sait ce que nous réserve demain ? C'est ce qu'ils se disaient, je crois, Ahmed, Djilali ou Mohamed, à l'heure de mourir sous la neige, en anonymes, pas en héros - les indigènes ne meurent jamais en héros dans la guerre des autres -, seulement en inconnus, en vague martyr dont on oubliera le nom à peine gravé sur une pierre tombale.

"Ahmed, Djilali, Mohamed, soldats de la division de chasseurs alpins, morts pour…" Morts pour qui en fait ? Pour qui et pourquoi ?

Ils ne se faisaient sans doute aucune illusion sur la piètre mémoire humaine. Peut-être même nous pardonneront-ils nos amnésies, eux qui se sont battus pour un monde libéré et probablement oublieux, oublieux mais libéré, beau, insouciant et qui ne saurait rien de ses soldats indigènes. Qu’importe la gloire ! De toute façon, le soldat Djilali est mort en anonyme, en banal morceau de chair noire et basanée comme toutes celles qui brûlent, depuis un siècle, autour des champs de bataille. 

Oui, mais, allons-nous les laisser, au bout d'un siècle, pour un autre siècle, avec ce poids d’un mort honteux ? Un de ces morts qui auraient toujours tort car, après leur mort, il n’y aurait plus personne pour les défendre ou, tout au moins, s'en souvenir. Un mort honteux d’une guerre dont personne ne sut si elle avait été gagnée ou perdue, dont on ne se rappela ni l’époque ni les prétextes qui avaient servi à la déclencher, mais uniquement des parrains qui en furent les seuls vainqueurs.

Ils s’appelaient Ahmed, Djilali ou Mohamed et ils étaient nos premiers héros. En les évoquant, nous nous reconstituerons nous-mêmes. Ces hommes ne savaient pas s'ils allaient rester indigènes aux yeux du monde libéré. Mais ils sont allés jusqu'au bout de cette guerre devenue la leur puisqu'elle conduisait à la délivrance des hommes. En libérant les peuples du monde, eux qui étaient asservis, ils ouvraient une brèche de lumière dans la nuit. C'est de cette brèche que nous vivons, un siècle après. S'ils ne l'avaient pas fait, nous ne vivrions de rien.

 

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